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Le gérant d'un Quick jugé après la mort d'un adolescent victime d'une toxi-infection alimentaire

L'ancien gérant d'un fast-food d'Avignon est jugé après la mort, en 2011, d'un adolescent victime d'une intoxication alimentaire.

«Pour les parents de Benjamin, ce procès est l'aboutissement d'un combat acharné pour que la mort de leur enfant vienne devant la justice», résume Me Marc Geiger. Avec Me Christian Bonnenfant, il défend les époux Orset, qui ont perdu leur fils âgé de 14 ans le 22 janvier 2011 après un banal dîner au Quick.

L'ancien gérant du fast-food situé dans une zone commerciale à Avignon (Vaucluse), Philippe Quérard, comparaît ce mercredi après-midi devant le tribunal correctionnel pour «homicide involontaire par la violation manifestement délibérée d'obligations particulières de sécurité».

La veille du drame, la famille, qui habite à Oppède (Vaucluse), dîne au restaurant avant d'aller au cinéma. Pendant la nuit, l'adolescent est pris de vomissements et se plaint au réveil de maux de tête et de diarrhée. Son père, qui a quasiment mangé le même menu que lui, est nauséeux. Dans la matinée, Benjamin s'écroule et décède malgré les tentatives de réanimation de son frère aîné, puis des pompiers. L'autopsie et des analyses complémentaires ont établi que le garçon a succombé à la combinaison d'une toxi-infection alimentaire, due à un staphylocoque doré retrouvé dans son organisme, et d'une pathologie cardiaque dont il souffrait.

Conditions sanitaires déplorables

Des prélèvements sont réalisés au domicile familial, dans le restaurant Quick et sur l'effectif en poste le jour du repas. Quatorze non-conformités sont relevées dans l'établissement, dont le manque d'hygiène, le mauvais état d'un des congélateurs où étaient stockés les steaks hachés et l'absence de lave-mains en fonction en cuisine. Par ailleurs, cinq des huit salariés sont porteurs d'un staphylocoque doré et le suivi médical du personnel n'est pas réalisé. Un client du même fast-food signale avoir été victime d'une intoxication alimentaire au moment des faits.

Commence alors une bataille judiciaire qui va durer cinq ans pour déterminer si la mort de Benjamin est liée à son dîner de la veille au Quick. «On n'a certes pas retrouvé la souche du staphylocoque dans le restaurant, dont les conditions sanitaires étaient déplorables, mais les prélèvements ont été réalisés plusieurs jours après le passage de la famille Orset, explique Me Geiger. Toute autre piste de contamination a été écartée.»

Mis en examen en février 2011, Philippe Quérard est placé sous statut de témoin assisté avant de bénéficier d'un non-lieu en 2014. Mais la chambre de l'instruction, saisie par les parents du garçon, le renvoie finalement devant le tribunal correctionnel en septembre 2016, estimant que «le lien de connexité entre le décès et le repas pris quelques heures auparavant dans des conditions propres à le provoquer en raison du non-respect des règles d'hygiène ne saurait être raisonnablement écarté».

Pour Me Geiger, le groupe Quick manque toutefois à l'appel. «Il appartient à l'enseigne de veiller à ce que son cahier des charges soit respecté et de prendre des mesures si ce n'est pas le cas, souligne-t-il. J'aurais trouvé normal que Quick réponde à certaines questions».

Source: leparisien.fr